GAM - Killian Mermet : de Nantes à Disney en passant par Lyon et l’INSEP

Médaillé de bronze par équipe lors des championnats d’Europe junior 2014, Killian Mermet a décidé de mettre un terme à sa carrière. Il revient sur ses années en tant que gymnaste de haut niveau de Nantes à l’INSEP en passant par Lyon et il nous explique sa décision.

Comment et pourquoi as-tu décidé de mettre fin à ta carrière ?

La première raison, c’est que mon corps ne suit plus : ça fait 2 ans que je galère avec mon épaule. J’ai subi deux opérations à un an d’intervalle. J’ai vécu beaucoup de retours, beaucoup avortés. J’ai des douleurs qui apparaissent partout donc je sens que c'est le bon moment. La deuxième raison, c'est que Paris 2024 arrive très vite et que je ne suis plus dans le coup donc je préfère arrêter sur une bonne note. Et même si j'ai toujours eu l'envie de faire les Jeux, je préfère aujourd’hui penser à ma santé en premier et me préserver si je veux continuer dans ce milieu.

Quelle est la suite ?

Dans la continuité de la gym, avec ce que ça a pu m'apporter, je vais m'entraîner dans le monde du spectacle, celui du Roi Lion à Disneyland Paris. Beaucoup de gymnastes y sont passés parce qu'il cherche beaucoup d'acrobates. C'est une belle porte sortie du monde gymnique et une belle porte d'entrée dans le monde du spectacle. J’aimerais à plus long terme intégrer le Cirque du Soleil.

Comment ton entourage a-t-il vécu cette nouvelle ?

Il s'y attendait un peu. Il voyait bien que je décrochais un peu à l’entraînement, donc ils l’ont bien pris. En revanche, moi j’avais l'impression de les abandonner surtout mon coach, Fred Jay, qui avait beaucoup d'espérance en moi. Mais ce n'est pas une fin en soi, je vais continuer à les voir et nos relations ne changeront pas.

La gymnastique ne va pas te manquer ?

Je pense qu'il y a des périodes où ça va me manquer, où je vais y penser, mais je galère tellement depuis 2 ans qu’il faut passer à autre chose et avancer. Ce qui va me manquer le plus, ce sont les sensations des compétitions, ressentir cette cohésion avec tout le monde, mais je me dis que j'arrête au bon moment.

Peux-tu revenir sur le meilleur moment de ta carrière ?

Mes jeunes années, je pense que mon meilleur souvenir c’est quand je suis devenu champion de France junior en 2014 et que j'ai enchaîné sur les championnats d’Europe Junior où j'ai fini médaille par équipe. C'était un très bon souvenir. Malheureusement, j’ai moins de moments forts en senior, mais je dirais quelques médailles aux championnats de France, mes différentes sélections en équipe nationale, dont deux participations au championnat du monde universitaire en 2017 à Taipei, un très beau voyage, et 2019 à Naples avec une super équipe avec Antoine Pochon et Antoine Borello. Je me souviendrai aussi de très bons moments avec mon club de Clamart en Top 12 avec de très beaux résultats même si malheureusement, on n'a jamais gagné le titre, on a fait un très beau parcours.

Vas-tu continuer à suivre la gym ?

Je vais continuer de suivre les copains de très près parce que ce sont des personnes importantes pour moi avec qui j'ai passé une grande partie de ma vie. Et plus tard, j'aimerais, si possible, entraîner l'équipe de France, c'est un peu mon objectif suprême. Bien sûr, il y aura des étapes avant, coacher en club, coacher des plus jeunes, des plus anciens etc. et pourquoi pas ouvrir un club de gym.

Peux-tu nous rappeler ton parcours ?

Mes deux parents étaient dans le milieu de la gym. Ma mère est une ancienne gymnaste de haut niveau et mon père était entraîneur notamment à l'INSEP donc j’ai commencé la gym naturellement. Depuis que je suis petit, je suis dans une salle de gym. Quand j'étais jeune, je n’étais pas très bon. Dans les championnats de France critérium, j'étais dans les choux. Pour la petite histoire, ça ne se passait pas très bien à la maison avec mon beau-père et c’est comme ça qu’on a décidé d'essayer le pôle espoir à Nantes et au final ça a pris. J’y suis resté 3 ans puis je suis allé à Lyon pendant 1 an quand je suis passé junior. J’ai vécu mes premières sélections internationales en équipe de France, mais je me suis aussi cassé le talon d'Achille donc je n’ai pas que des bons souvenirs de cette année-là. Et l’année d’après, exceptionnellement, ils ont décidé d'ouvrir les portes de l’INSEP aux jeunes gymnastes et j'ai sauté sur l'opportunité. J'ai intégré l'INSEP et j'ai retrouvé Zachari et Tanguy qui étaient avec moi au pôle de Nantes.

Comment as-tu vécu le double projet gym et études ?

Le double projet est très important, je m’en suis rendu compte en grandissant, parce qu'une fois que tu arrêtes surtout à cause d’une blessure, il faut avoir un plan B. Après le bac, je voulais arrêter. J'ai pris une année sabbatique, mais ensuite, j'ai fait un BTS MUC et j'ai passé mon DE gym. Si je veux concrétiser mes projets en tant qu'entraîneur, mon DE va m'aider, mais il me reste encore d'autres diplômes à passer comme le professorat ou le DEJEPS. Je suis content d'avoir obtenu ces deux diplômes parce que j’ai un petit background pour la suite.

Quels gymnastes admirais-tu quand tu étais jeune ?

Je suis un grand passionné de gym donc j'adore la gym en général. Mais quand j'étais plus jeune, je trouvais que Marcel Nguyen avait vraiment la classe. Dans les années 2010, il avait un dégradé alors que ça n’existait pas encore et puis bien sûr, il est très bon et il a des médailles olympiques. Il y avait aussi un Américain aussi, Danell Leyva, qui est très fort. De manière générale, j'aime bien les gyms un peu flashy qui est un peu atypique et confiant comme les deux Russes Artur Dalaloyan et Nikita Nagornyy et j'adore évidemment Kōhei Uchimura, un grand gymnaste.

Que retiendras-tu de tes années de gymnastique ?

J'ai vécu de très belles choses, j'ai rencontré des personnes incroyables, j’ai voyagé et découvert d'autres cultures. La gym m’a aussi permis de développer mon mental, d’apprendre à gérer la pression, à m’organiser et à avoir une bonne hygiène de vie. Même si j’étais loin de ma famille, j’ai eu la chance de passer beaucoup de temps entre potes. En tant que sportif de haut niveau, on n’a pas une vie classique, mais ça nous apporte beaucoup. Je ne regrette rien. Même si j'ai eu beaucoup de blessures et beaucoup de moments compliqués, j’ai toujours été soutenu et accompagné et je n’ai jamais eu l’envie d'arrêter la gym.

Que dirais-tu à un petit garçon qui voudrait suivre ton chemin ?

C'est un truc à vivre, une expérience incroyable qui n’est pas donnée à tout le monde. Mais je lui conseillerais aussi d'écouter ce que son coach lui dit de faire, la musculation, la souplesse, car même si c'est dur, c'est important. Je lui conseillerais aussi de ne pas se laisser distraire par tous les à-côtés, se faire plaisir, mais de rester focus sur la gym. Et enfin de s'accrocher très fort parce que cela ne sera pas tous les jours facile, mais de foncer si c'est ce qu’il veut faire. “Accroche-toi ! Il faut croire en soi, car si tu crois en tes rêves et en toi, tu peux y arriver.” C'est bateau, mais j'aime bien cette phrase “Viser la lune, tu atteindras les étoiles.”

Merci à tous et faites de la gym.