Meaux Gymnastique, au bout du suspense
Pour la première édition de la finale du Top 12 nouvelle formule de Gymnastique Artistique Féminine, le suspense a été au rendez-vous. Un duel en or a conclu la finale pour départager les deux équipes finalistes, Meaux Gymnastique et Avoine-Beaumont Gymnastique.
Le saut, premier appareil sur lequel s’affrontent les deux clubs, tourne à l’avantage d’Avoine-Beaumont Gymnastique, qui remporte deux duels sur trois, grâce à Léanne Bourgeois, vice-championne de France 2017 au saut, et la toute jeune Claire Pontlevoy. Meaux Gymnastique reprend la tête à l’issue des passages aux barres asymétriques, gagnés à 100%, bien aidé il est vrai par les erreurs des Avoinaises (deux chutes notamment pour Claire Pontlevoy). Ces dernières reprennent des couleurs à la poutre. Après les chutes d’Alisson Lapp et de Janna Mouffok (Meaux Gymnastique), les Avoinaises reviennent à égalité 16/16. Marine Boyer, dernière en lice pour Meaux à cet appareil, permet à son équipe de virer en tête à l’issue de cette avant-dernière rotation. Le sol serait donc déterminant : 3 duels, 9 points à prendre et 2 points d’écart seulement entre les deux équipes. Le choc Claire Pontlevoy / Marine Boyer, qui présentait pour la première fois un nouvel enchaînement, tourne à l’avantage de la Meldoise. Carolann Héduit (Avoine-Beaumont Gymnastique) réduit l’écart entre les deux équipes, séparées encore deux petits points. La victoire se jouera sur le dernier passage. Si Léanne Bourgeois assure et tient la pression, Janna passe en revanche à côté et chute à deux reprises. Cette contre-performance permet à Avoine-Beaumont Gymnastique de revenir à égalité.
La règle est alors simple : un ultime duel « en or » désignera le club vainqueur. A l’issue du tirage au sort, c’est à la poutre que l’ultime confrontation aura lieu. C’est sur les épaules des toutes jeunes Kaylia Nemour (Avoine-Beaumont Gymnastique) et de Salsabil Tounan (Meaux Gymnastique) reposent les espoirs des deux équipes. Malgré une chute, la Meldoise, qui dispose d’une plus haute note de départ en difficultés, prend le meilleur et offre la victoire à son club. Une joli retour au premier plan après la décevante 4ème place obtenue l’an passé.
Antibes consacré en finale
Ils arrivaient à Lyon ultra-favoris ce samedi. Les Antibois l’avaient annoncé, ils venaient chercher un 30ème titre national. Pour viser l’or, les Sottevillois savaient que l’erreur n’était pas permise. Et dès le premier duel au sol, Cameron-Lie Bernard, du club normand, chute sur la première diagonale de son exercice offrant à Antibes et à Guillaume Augugliaro le premier duel de la rencontre masculine. Jimmy Verbaeys, l’international belge ramènera Sotteville à égalité. Loris Frasca donnera le 3ème duel à Antibes. Aux arçons, Antibes remporte deux duels de plus grâce à Guillaume Augugliaro et Mathieu Clarivet. Cameron-Lie Bernard permettra à Sotteville de recoller au score 10 à 14 avant le troisième agrès.
Aux anneaux, les prétendants sont attendus. Sous les yeux de son coéquipier et mentor Samir Aït Saïd, Loris Frasca est aligné par Antibes pour répondre à Jimmy Verbaeys et c’est un duel ex-aequo entre le français et le belge pour ce premier duel aux anneaux. Antibes relance avec Guillaume Augugliaro et Sotteville devra concéder les 3 points. Sotteville abat enfin sa carte maitresse dans le dernier duel : Danny Pinheiro-Rodrigues, ancien international français et double finaliste olympique. Moins assuré qu’auparavant, Danny devra cependant s’incliner face à bon Mathieu Clarivet qui termine son mouvement en pilant. Samir Aït-Saïd, souffrant d’une déchirure au grand pectoral, ne sera pas aligné par les entraîneurs d’Antibes.
Au saut, Cameron-Lie Bernard s’offre le premier duel face à Guillaume Augugliaro. Hillel Metidji sort ensuite de l’aire de réception et laisse filer des points précieux pour Sotteville que Loris Frasca empoche allègrement. Samir Aït Saïd, pourtant souffrant, prend place en bout de piste. Revenu par deux fois de blessures graves, et notamment devant les caméras du monde entier lors des Jeux Olympiques de Rio en 2016, Samir s’élance sans appréhension dans sa lune double avant. Erwan Lazou, malgré un bon saut, ne battra pas Samir. Antibes mène 29 à 19 avant les deux derniers agrès. Rien ne semble pouvoir entraver la marche des Antibois vers une trentième couronne nationale.
Aux barres parallèles, Arnaud Willig remet une copie propre et s’impose face à Guillaume Augugliaro. Antibes 30, Sotteville 22. Cameron-Lie Bernard pourra avoir des regrets car il chute lors de la sortie de son magnifique exercice laissant le loisir à Kévin Antoniotti, l’antibois de s’imposer. Loris Frasca en battant Jimmy Verbaeys confirme la victoire d’Antibes, avant même de disputer le dernier agrès : la barre fixe. Sotteville concède en finale sa première défaite de la saison.
Les duels remportés par Arnaud Willig et Jimmy Verbaeys pour Sotteville n’y changeront rien : l’équipe d’Antibes est championne de France Top 12 ! Un 30ème titre national qui assied un peu plus la domination des Provençaux.
Clamart en bronze d’une courte tête
La petite finale de ce Top 12 masculin avait tout d’un derby francilien. Ainsi, le club des Hauts-de-Seine, Clamart, 2ème en 2017, était opposé à Franconville, le club du Val d’Oise, 7ème en 2017. Et dès l’entame de la rencontre, les Franconvillois démontrent l’audace du challenger dans cette compétition en remportant tous les duels à un de leur agrès fort : le sol. Baptiste Miette, Daniil Kazachkov, le russe, et Mathieu Vanacker remportent 9 points très précieux. Sur le deuxième agrès, les arçons, Franconville continue sa dynamique positive avec un Baptiste Miette, sur son agrès fort, s’impose face à Reiss Beckford, le jamaïcain de Clamart. L’équipe des Hauts-de-Seine reste néamnoins au contact en remportant son premier duel avec Antoine Pochon qui défait le suisse Samir Serhani. Jim Zona ajoute un deuxième duel victorieux. Ainsi, Franconville ne mène plus que de 14 à 10.
Aux anneaux, Clamart continue sa lente remontée, Reiss beckford bat Maxime Bouhanna. Baptiste Miette, offrira un duel de plus à Franconville avec un mouvement très relevé face à Antoine Pochon qui réalise aussi un très beau passage. Enfin, Franconville envoie Daniil Kazachkov pour aller chercher 3 points de plus. Les gymnastes du Val d’Oise, avec leur esprit d’équipe infaillible font preuve de beaucoup de sérieux. A mi-parcours, ils totalisent 21 contre 15 pour Clamart. Au saut, Reiss beckford chute sur sa réception et permet à Baptiste Miette de reporter logiquement le premier duel. Aurélien Bouquet manque ensuite l’occasion de mettre son équipe un peu plus à l’abri en chutant également sur sa réception. Jim Zona avec son yurchenko vrille appliqué s’offre le duel. Killian Mermet assure son saut, Daniil Kazachkov répond avec maitrise mais doit s’incliner, ce qui permet à Clamart de se replacer dans la course à la 3ème place (26 pour Franconville contre 22 pour Clamart).
Aux barres parallèles, Mathieu Vanacker remporte le premier duel. Mais Clamart rend coup pour coup avec Reiss Beckford qui propose un mouvement de haut vol tout, puis Jim Zona dans le duel suivant. La tension est maximale avant l’ultime agrès. Franconville et Clamart sont au coude à coude, totalisant respectivement 31 et 29 points. En barre fixe, Antoine Pochon s’élance pour Clamart réussit tous ses lâchers sous les hourras, et mettant d’entrée la pression sur son adversaire le Russe Daniil Kazachkov qui, au terme d’un superbe exercice, désaxe sa sortie. Le Clamartois l’emporte, portant les deux équipes à égalité. 32 à 32. Baptiste Miette (Franconville), en chutant à la moitié de son exercice offre une belle opportunité à Clamart de passer devant pour la première fois. Reiss Beckford, remporte logiquement le duel après un exercice maitrisé. Jim Zona remporte le duel de la délivrance, synonyme de médaille de bronze pour Clamart.
Saint-Etienne s'offre le bronze
Les championnes en titre, les Stéphanoises, avaient rendez-vous avec l’équipe d’Haguenau, 7ème en 2017, pour la petite finale de ce Top 12 édition 2018. Et c’est dès le début de match que l’équipe de Saint-Etienne, composée des trois sœurs Charpy, sera titillée. Malgré un joli premier saut de la belge Julie Meyers, Haguenau remporte les 3 points de la partie grâce à une belle performance de Mathilde Wahl. Mais Lorette Charpy remet les compteurs à égalité ! Dans le 3ème duel, la sœur de cette dernière, Grâce Charpy s’élance et l’imite. Et c’est déjà le deuxième agrès : les barres asymétriques. Et Grâce Charpy réédite, remportant les 3 points face à Morgane Ossyssek pour Haguenau. Julie Meyers se présente pour Saint-Etienne et Mathilde Wahl répond pour Haguenau, la championne de France Espoir en titre tombe sur un lâcher de barres et laisse filer le duel. Lorette, médaillée de bronze à cet agrès lors des championnats d’Europe junior en 2016 à Berne, fait forte impression sur son agrès de prédilection.
A mi-parcours, les championnes en titre mènent 14 à 10. Le premier duel à la poutre sourit également à Saint-Etienne, qui n’arrête plus de cumuler des points, malgré une chute des deux concurrentes, Clarisse Passeron et Mathilde Wahl, c’est la Stéphanoise qui l’emporte. Dans le deuxième duel, Tess Cuntz chute et laisse champ libre à Saint-Etienne. Si Lorette rate son entrée sur la poutre (chute), elle contrôle néanmoins parfaitement sa série de 2 pivots causaque et rapporte 3 points de plus à son équipe portant leur score à 20. Sophie Marois, la Canadienne matchant pour Haguenau, battra Grâce Charpy dans le dernier duel à cet agrès. Au sol, pour l’ultime agrès, Mathilde Wahl, concentrée, réalise un joli passage synonymes de 3 points à son équipe. Mais Saint-Etienne ne laisse aucun répit à Haguenau, Clarisse passeron réalise un sol enlevé et les applaudissements du public confime le gain de son duel. Les dés sont jetés. Avant le dernier duel, Saint-Etienne mène 25 à 19. Le dernier duel, remporté par Lorette Charpy, portera le score final à 28-20. Une victoire désirée par les Stéphanoises qui avaient à cœur de rester sur le podium de cette compétition qu’elles disputent presque « en famille ».
Les déclarations
Marine Boyer, Meaux Gymnastique : « On savait qu’Avoine, c’était du haut niveau. On savait aussi qu’elles pouvaient tomber. On a joué sur ça. La compétition a été tendue, jusqu’au duel en or. Ça s’est joué à très peu. Je suis très fière de mes coéquipières et particulièrement contente de l’issue de cette finale. De mon côté, j’ai présenté un nouvel exercice au sol et je me suis fait plaisir, élément sur lequel j’ai insisté auprès de Salsabil avant son passage sur le duel en or. La compétition a été compliquée de bout en bout. La maîtrise du stress s’est avérée déterminante aujourd’hui. Je vais vraiment savourer ce titre. L’an passé, on termine 4ème. On obtient aujourd’hui notre revanche. »
Salsabil Tounan, Meaux Gymnastique : « Je ne m’étais pas du tout préparée à passer pour le duel en or. J’avais beaucoup de pression étant donné que tout allait se jouer sur mon passage. Il s’agit d’une très belle expérience et j’ai fait du mieux que je pouvais. Il y a beaucoup de joie et d’émotion au sein de l’équipe grâce à ce titre. »
Léanne Bourgeois, Avoine Gymnastique : « Ce fut sûrement la compétition la plus stressante de ma carrière ! On savait que notre équipe, qui misait plus sur la difficulté, et celle de Meaux, qui jouait plus sur l’exécution, étaient assez proches. Le match s’annonçait serré. Mais de là à aller au duel en or ! On peut avoir quelques regrets aux barres asymétriques, qu’on n’a pas aussi bien maîtrisées qu’on l’aurait espéré. On n’a rien lâché, jusqu’au bout. Cela nous a permis de gagner l’ultime confrontation au sol, qui nous a offert le duel en or. Tout reposait alors sur les épaules de Kaylia, qui est quand même de 2006 et qui a fait ce qu’elle devait faire ! Ça s’est joué à rien, deux petits dixièmes seulement… C’était vraiment stressant et fatiguant ! Cette nouvelle formule du Top 12, sous forme de duels, nous obligeait à être à 100% sur chaque passage. On s’est toutes encouragées : il y a un super esprit d’équipe. Nous sommes toujours passées à 4 depuis le début de la saison et nous avons toutes été formées à Avoine, qui est mon club de cœur. C’est toujours un plaisir de retrouver mes coéquipières en compétition. »
Kaylia Nemour, Avoine Gymnastique : « La compétition a été très stressante. J’ai beaucoup pris sur moi lors du duel en or. »
Samir Aït-Saïd, Olympique Antibes Juan-les-Pins : « Je suis très satisfait de cette compétition. On a réussi à tenir l’objectif qu’on s’était fixé. On a fait dans l’ensemble du très bon boulot, malgré les quelques petits pépins rencontrés. On obtient là notre 30ème titre de Champion de France. J’ai toutefois un goût amer : je me suis déchiré le grand pectoral et je ne pourrai pas partir à la Coupe du monde de Doha. J’ai dû déclarer forfait. J’ai néanmoins pu passer au saut, qui m’a donné pleine satisfaction. On m’avait demandé de serrer les dents deux fois : une fois à l’échauffement, une fois au moment de lever le bras avant mon passage. C’est ce que j’ai fait. Ça montre encore une fois que je suis fiable. Le jour où Yann Cucherat, Directeur du Haut Niveau en GAM, me demandera de lever le bras pour l’équipe de France, qu’il soit rassuré : je serai présent. Il ne faut pas que je m’endorme sur ce résultat : je vais retourner au travail pour continuer à progresser. J’ai d’autres objectifs sur la saison en dehors de ce titre de Champion de France : les Jeux Méditerranéens, les Championnats d’Europe et du monde. »
Arnaud Willig, La Sottevillaise : « On est très contents de cette médaille d’argent. On avait pour objectif en début de saison d’arriver en grande finale pour faire mieux que l’an passé. Vice-Champions de France, c’est une belle performance pour le club ! Terminer sur une défaite nous laisse toutefois un goût amer. Mais nous savions qu’Antibes était très fort et que nous n’aurions aucun droit à l’erreur. Malheureusement, nous en avons commis quelques-unes. La hiérarchie est respectée. Nous viserons encore cette grande finale l’année prochaine et tenterons cette fois de décrocher le titre. Danny et moi sommes en fin de carrière : nous allons devoir effectuer la transition avec les jeunes. Il va falloir préparer cette étape. Les objectifs resteront toutefois les mêmes : obtenir la médaille d’or ! »
Lorette Charpy, Indépendante Stéphanoise : « C’était un bon match, il y avait beaucoup d’ambiance. A titre individuel, j’aurais pu mieux faire mais l’essentiel est bien-sûr que l’équipe l’emporte. Je suis donc contente de ce résultat. On est une équipe très soudée. C’est un vrai plaisir de gagner ensemble. Cette formule est vraiment une bonne chose car elle nous permet de disputer plus de compétition. Et elle donne l’occasion de répéter des mouvements avant de les passer en compétition internationale. L’année prochaine, nous voudrons récupérer le titre. »
Jim Zona, Clamart Gym 92 : « Ce match a été très très compliqué. Nous avons des blessés. Axel (Augis) qui n’a pas pu matcher, Antoine (Pochon) et Killian (Mermet) qui ne sont pas à 100%. Nous partions diminués, nous savions donc que nous n’avions pas droit à l’erreur. D’autant plus que Franconville est une très belle équipe. Cette formule leur réussit. Ils nous ont poussés à donner notre maximum pour aller arracher le match. Bravo à eux. Nous avons mal commencé mais nous avons réussi à réagir pour finalement l’emporter. Je suis fier de l’équipe car la pression a été énorme dans ce match. C’est un beau final après une saison qui a été compliquée où nous n’avons pas fait les matchs que nous voulions. Il fallait finir sur une victoire pour repartir sur une bonne dynamique l’année prochaine. Cette 3ème place rebooste toute l’équipe pour les futures échéances internationales et la prochaine saison ! »
Reiss Beckford, Clamart Gym 92 : « Cette compétition a été formidable. J’ai vraiment apprécié y prendre part. J’ai intégré l’équipe de Clamart depuis cinq ans maintenant. Je les considère comme ma famille. Mes exercices se sont bien passés, à part celui au saut, sur lequel j’ai chuté. A la barre fixe, mon dernier exercice, j’ai ressenti beaucoup de pression, c’était fou. J’ai réussi à la contenir et cela nous a permis de revenir à hauteur de Franconville. Le Top 12 est vraiment une compétition incroyable. Les gymnastes se présentent très soudés et s’encouragent mutuellement. J’aimerais que nous ayons un événement de ce type en Angleterre, mais il n’y a pas suffisamment de clubs là-bas. »